Qui êtes-vous J.G. GWEZENNEG ?
"Je travaille sur des matériaux cassés,
usés, que je fais revivre. Ce sont des morceaux qui ont une histoire plus ou moins ancienne. Je réécris ma propre histoire dessus. Tous les éléments viennent de la mer. Ce choix n'a pas été
conscient au départ. Le mystère est lié à la vie et à la mort. Ces fragments, je leur redonne vie. Je les réécris. C'est le travail des secrétions palimpsestes. J'ai besoin d'un matériau qui a eu
une histoire, peut-être cela évoluera-t-il."
L'artiste « épaveur » Gwezenneg naît en 1941 à Rennes. Depuis 1968, il vit et travaille dans le bocage marin de la Hague à Theurthéville-Hague. Cet autodidacte a fréquenté pendant
quelques temps les ateliers parisiens. Mais très vite, il refuse de s'intégrer aux différentes écoles de peinture.
Son oeuvre regroupe sculptures, dessins, gravures et assemblages, pouvant aller de la simple planche de bois, en passant par des squelettes d'animaux. Gwezenneg entretient un univers envoûtant et
prenant, à l'image de sa propre demeure qui, elle-même, constitue une oeuvre à part entière.
L'oeuvre de Gwezenneg, par sa spontanéité et ses assemblages de matériaux de
récupération transpire l'Art brut. Comme il l'explique, "l’œuvre n’est pas préconçue" au départ, s'il met de côté les éléments qu'il recueille, et "attend que dans ses rêveries, dans
ses ateliers, les choses se composent", celles-ci ne se construisent pas seules et sans influences.
" Dans ce que je fais, il y a à la fois une part de spontanéité et un peu de calcul. Ce n'est pas n’importe quoi et ce n’est pas fait n’importe comment. Si l'aventure nourrit mes créations,
l’expérience et toutes sortes d'idées s’accumulent et interviennent. "
" L'Art ne vient pas coucher dans les lits qu'on a fait pour lui, Gwezenneg se sauve aussitôt dès qu'on prononce son nom : ce qu'il aime c'est l'incognito. Ses meilleurs moments sont quand il
oublie comment il s'appelle.” Jean Dubuffet, 1960.
L'Art brut rassemble des productions réalisées par des non-professionnels, qui refusent toute influence, toute référence artistique et toute norme esthétique.
Il s'agit d'un "Art spontané", sans prétention culturelle, sans démarche intellectuelle.
" On pense des fois que je suis un peu art brut. Mais je ne suis pas un art brutiste. J’ai essayé de trouver mon univers, un univers singulier. Mais ce monde qui m’appartient est relié à
d’autres artistes. Je ne suis pas tout seul, j’entretiens des liens. J’ai juste mon petit sillon." Gwezenneg.
Les oeuvres de Gwezenneg se posent comme des interrogations. Os de mulots,
rejections de chouettes, petites dents, tibias de vache, crânes de chevaux, chats et rats momifiés peuplent ses travaux. Il les intègre d’abord par "souci esthétique, pour la beauté de leur
forme" mais aussi comme un rappel au cycle de la Vie et de la Mort.
"Je suis un mystérieux"
L'os le fascine depuis son adolescence : élément qui a fait partie d'un être vivant, aujourd'hui inerte, il a cristallisé une forme de vie. En les mettant en scène dans ses oeuvres, il dissipe
leur fonction première pour privilégier leur aspect graphique, et ainsi créer une proposition visuelle différente et les réintroduire tout en impliquant comme il l’entend sa propre histoire. Une
façon comme il dit "d’éviter que tout ça disparaisse" , bref un peu comme un devoir de mémoire.